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LE REGLAGE :

> Optimisation de la sonorité

et du confort de jeu

Tant pour le débutant, qui découvrira tout l’intérêt d’un réglage de son instrument, que pour le musicien professionnel qui aura toujours ses propres exigences, parfois très pointilleuses, une telle consultation ne peut que s’avérer utile et bénéfique. Elle est notamment recommandée quelques semaines avant une audition ou un concert, mais également suite à de fortes variations d’hygrométrie, ou suite à une chute ou à un choc.

 

 

 

 

 

 

Le réglage de sonorité consiste le plus souvent à vérifier et, au besoin, à modifier très légèrement la tension de l’âme dans l’instrument. En règle générale, une âme trop tendue aura tendance à brider l’instrument en bloquant les vibrations alors qu’une âme qui manque de tension nuira à la précision d’émission (l’attaque) et surtout à la puissance, à l’intensité du son. Ce dosage subtil de la tension de l’âme se fait au ressenti grâce à la pointe-aux-âmes que le luthier manie de sa main experte en l’insérant dans l’instrument par l’ouverture de l’f droit (l'ouïe du côté des aigus) tout en mesurant précisément sa position par rapport au chevalet. Car, en plus du réglage de la tension, l’autre élément essentiel réside dans le positionnement de l’âme par rapport au pied droit du chevalet. En règle générale, si le son n’est pas assez canalisé, pas suffisamment précis, il faudra rapprocher l’âme du chevalet, alors que si le son s’avère coincé et nasillard, il sera préférable de l’éloigner un peu plus du chevalet afin de gagner en souplesse et en douceur.

 

En plus de l’attention particulière portée à l’âme et au chevalet, un choix pertinent des cordes, la modification de l’angle des cordes au chevalet (et donc de la pression), la modification de la longueur de l’attache-cordier (et donc de la souplesse et du positionnement du chevalet sur un nœud de vibration de la corde), la pose d’un anti-rouleur pour absorber un trop plein de vibrations (appelé roulement, ou loup) sur certaines fréquences, la vérification de l’absence de toute source de vibrations parasites, la vérification de la hauteur des cordes par rapport à la touche, du creux de la touche et de la rondeur du chevalet (qui détermine la balance des cordes – la facilité de passage d’une corde à l’autre sans risquer de faire involontairement des double-cordes), toutes ces petites actions sont autant d’éléments qui vont être déterminants dans la qualité du réglage de la sonorité et du confort de jeu de l’instrument.

Concernant l’optimisation du son, le but d’un réglage chez le luthier est de trouver le meilleur équilibre possible et la réponse la plus pertinente, tant en termes d’émission (facilité de jeu), que de puissance ou encore d’équilibre entre les graves et les aigus. Enfin, la qualité même du son, le timbre, peut s’en trouver parfois fortement améliorée. Un musicien peut, dès le plus jeune âge, apprendre à définir le plus précisément possible la qualité d’un son, son timbre, ce qui va s’avérer très utile au moment du réglage de sonorité de l’instrument. Voici une liste non exhaustive des adjectifs pouvant être utilisés pour qualifier un son : riche, timbré (beaucoup d’harmoniques – ce qui fait la première qualité d’un bon instrument), chaleureux, rond, coloré, brillant mais pas strident, précis mais pas piquant, profond mais pas sourd, souple ou tendu, dur ou mou, ouvert ou fermé, doux ou incisif, nasillard ou criard, ample ou étriqué, sec ou moelleux, acide ou soyeux, clair ou sombre, gras ou rauque… et ce ne sont que les plus couramment utilisés!

 

Il est toutefois intéressant de noter que la qualité d’un son recèle une certaine part de subjectivité et ce qui va plaire à l’un ne plaira pas forcément à l’autre. De même, le son perçu par le musicien, qui fait corps avec son instrument et son archet, sera différent de celui perçu par son auditoire. En outre, on comprend aisément que les qualités sonores ainsi que les défauts d’un instrument seront plus ou moins mis en exergue en fonction des propriétés acoustiques du lieu dans lequel il sera joué.

 

On oublie souvent que l’archet aussi peut être réglé. En effet, d’être restée trop longtemps sous tension ou le simple fait qu’elle ait travaillé, la baguette peut avoir perdu de son cambre, ou celui-ci peut être mal positionné dans la longueur ; la direction de la baguette peut ne plus être bonne ; l’équilibre général de l’archet a parfois besoin d’être reconsidéré. Autant de petits maux qui peuvent être corrigés dans une certaine mesure, ce qui permet d’améliorer de façon parfois surprenante les qualités de l’archet : stabilité, équilibre, nervosité, souplesse et même timbre (on rejoint là les mêmes préoccupations d’esthétique sonores que pour l’instrument), le but ultime étant de concilier au mieux les deux, et même les trois : l’instrument, l’archet et le musicien.

 

L’instrument et l’archet dont le musicien s’empare peuvent être comparés à la palette de couleurs et au pinceau du peintre. Tout comme la qualité d’une œuvre picturale, la qualité d’un son, d’une succession de sons, jusqu’à la qualité de l’interprétation d’une œuvre musicale vont dépendre en majeure partie du savoir-faire, du toucher, de la dextérité, de la finesse, bref du talent de l’artiste, de son pouvoir à communiquer des émotions, de la plus simple à la plus complexe, de la plus sombre, la plus triste à la plus joyeuse, la plus éblouissante. Mais pour atteindre ce but le musicien doit aussi pouvoir compter sur des outils de qualité. Il sera ainsi en mesure de puiser dans la richesse des couleurs de l’instrument, de leur intensité, de leur mélange – on parle d’ailleurs en ce sens de pâte sonore, elle-même conditionnée par les qualités de jeu de l’archet qui, beaucoup plus qu’un simple accessoire, a le rôle essentiel de mettre les cordes en vibration et la qualité du son dépend étroitement de la qualité de mise en vibration des cordes. Les coups d’archet, avec toutes les subtilités et le maniement complexe que celui-ci peut comporter pour le musicien, vont eux-aussi participer à la coloration, l’esthétique, l’expressivité, la personnalisation, l’intensité et la beauté du son.

 

En définitive, tout l’art d’un réglage méticuleux de l’instrument et de l’archet consiste donc à optimiser leurs potentiels, bien sûr en fonction de leurs possibilités respectives, mais aussi en fonction du contexte, du jeu et des goûts personnels du musicien.

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